Jan Swammerdam

Jan Swammerdam
Faux portrait de Swammerdam – on n'en connaît aucun d'authentique –, gravure d'après Jan Stolker (1724-1785)[1]
Biographie
Naissance

Amsterdam
Décès
(à 43 ans)
Amsterdam
Nationalité
Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies
Domicile
HollandeVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Apiculteur, anatomiste, naturaliste, médecin, entomologiste, biologisteVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Maître
Johannes Van HorneVoir et modifier les données sur Wikidata
Directeur de thèse
Influencé par
Antoinette BourignonVoir et modifier les données sur Wikidata

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Jan Swammerdam ( à Amsterdam – à Amsterdam) est un naturaliste néerlandais, pionnier de l'usage du microscope en biologie.

Il a ainsi découvert les différentes phases de la vie d'un insecte - œuf, larve, nymphe et adulte. Dans le cadre de ses recherches anatomiques, il a réalisé des expériences sur la contraction musculaire. En 1658, il fut le premier à observer et à décrire les globules rouges.

Biographie

Son père, apothicaire à Amsterdam, collectionne tout ce que les vaisseaux ramènent des Indes. Le fils est renfermé : il a l'idée de faire un catalogue de la collection de son père et il se passionne pour les insectes.

En 1658, il donne la première description d'un globule rouge.

En 1661, il part étudier à l'université de Leyde, où il a comme maître Franz de le Boë (« Franciscus Sylvius ») et comme condisciples Frederik Ruysch, Reinier de Graaf et Niels Stensen. Il montre à Stensen, avec une sorte de pléthysmographe, que les muscles ne changent pas de volume quand ils sont contractés[2]. Il passe une année à Saumur et Paris, où il entre en contact avec Melchisédech Thévenot. De retour en Hollande, il collabore avec Gerhard Blasius à Amsterdam (il est membre du cercle où se côtoient Blasius, Matthias Slade[3] et Johannes de Raey (en)), puis avec J. Van Horne à Leyde.

Grâce au microscope – ses instruments étaient probablement fabriqués par son ami Johan Hudde, mathématicien et spécialiste de l'optique[4] –, il découvre la métamorphose des insectes.

Médecin, Swammerdam semble ne jamais avoir exercé son art, vivant des rentes de son père puis de son héritage[5].

Swammerdam avait toujours été d'une religiosité qui faisait parfois craindre pour sa santé mentale[6]. Vers la fin de sa vie, il devient un disciple de la mystique Antoinette Bourignon. Convaincu que ses études servent non la gloire de Dieu, mais sa curiosité personnelle, il tente de brûler tous ses manuscrits[7],[8]. L’anatomiste Sténon a tâché de l’éloigner d’Antoinette Bourignon pour le convertir au catholicisme[9]. Pauvre, malade depuis longtemps, il s'enferme chez lui et meurt en 1680. Sa tombe se trouve dans l'église wallonne d'Amsterdam[10]. Il avait légué ses manuscrits à son ami le Français Melchisédech Thévenot.

Antoine van Leeuwenhoek poursuivra ses travaux en biologie cellulaire.

Contributions

Étude des insectes

Swammerdam a joué un rôle fondamental dans la connaissance des insectes. Il s'est catégoriquement opposé à la notion de génération spontanée. Très influencé par René Descartes et son Discours de la méthode, dont la philosophie naturelle a été largement adoptée par les intellectuels néerlandais, il était persuadé que la nature obéissait à des lois fixes, donc pouvait être expliquée rationnellement. Convaincu que la génération de toutes les créatures obéissait aux mêmes lois, il entreprit d'étudier celle des insectes, après avoir découvert que le « roi » des abeilles était en réalité une reine, ayant trouvé des œufs à l'intérieur de l'insecte.

Courant 1669, visité par Cosme II de Médicis, il lui montra qu'à l'intérieur d'une chenille, on pouvait voir les membres et les ailes du futur papillon (ce qu'on appellera plus tard le disque imaginal).

Fin 1669 il publie en néerlandais Algemeene verhandeling van de bloedeloose dierkens[11], qui résume son étude des insectes qu'il a collectés en France et dans les environs d'Amsterdam. Il y réfute la conception aristotélicienne universellement admise selon laquelle les insectes n'ont pas d'anatomie interne, mais également la notion de génération spontanée, soutenant que tous les insectes proviennent d'œufs, que leurs membres croissent et se développent lentement, abolissant la distinction entre les insectes et les soi-disant « animaux supérieurs ».

Swammerdam réfute la notion de « métamorphose » telle que la concevait Aristote dans son traité De la génération des animaux, encore admise par William Harvey et ses contemporains, selon laquelle les différents stades de vie d'un insecte sont des individus différents, alors que les biologistes modernes parlent de la métamorphose comme la succession des étapes du cycle de vie de l'insecte.

Opinions sur Swammerdam

Opinion de Jules Michelet, opinion de Max Weber

« Que savait-on de l'infini, avant 1600 ? Rien du tout. Rien de l'infiniment grand ; rien de l'infiniment petit.» La page célèbre de Pascal, tant citée sur ce sujet, est l'étonnement naïf de l'humanité si vieille et si jeune, qui commence à s'apercevoir de sa prodigieuse ignorance, ouvre enfin les yeux au réel et s'éveille entre deux abîmes.

Personne n'ignore que Galilée, ayant reçu de Hollande le verre grossissant, construisit le télescope, le braqua et vit le ciel. Mais on sait moins communément que Swammerdam, s'empara avec génie du microscope ébauché, le tourna en bas, et le premier entrevit l'infini vivant, le monde des atomes animés ! Ils se succèdent. À l'époque où meurt le grand Italien (1632), naît ce Hollandais, le Galilée de l'infiniment petit (1637).

Rien de plus curieux que d'observer les impressions toutes contraires que les deux révolutions firent sur leurs auteurs. Galilée, devant l'infini du ciel, où tout paraît harmonique et merveilleusement calculé, a plus de joie que de surprise encore ; il annonce la chose à l'Europe dans le style le plus enjoué. Swammerdam, devant l'infini du monde microscopique, paraît saisi de terreur. Il recule devant le gouffre de la nature en combat. Il se trouble ; il semble craindre que toutes ses idées, ses croyances, n'en soient ébranlées. État bizarre, mélancolique, qui, avec ses grands travaux, abrège ses jours. [...]

Le grand médecin Boerhaave, qui cent ans après Swammerdam, publia avec un soin pieux sa Bible de la nature, dit un mot surprenant et qui fait rêver : « Il eut une ardente imagination de tristesse passionnée qui le portait au sublime. » Ainsi ce maître des maîtres dans les choses de patience, insatiable observateur du plus minutieux détail, qui poursuivit la nature si loin dans l'imperceptible, c'était une âme poétique, un homme d'imagination, un de ces mélancoliques qui veulent l'infini, rien de moins, et meurent de l'avoir manqué. »

— Jules Michelet[12]

« Rappelez-vous l'aphorisme de Swammerdam : « Je vous apporte ici, dans l'anatomie d'un pou, la preuve de la providence divine », et vous comprendrez quelle a été à cette époque la tâche propre du travail scientifique, sous l'influence (indirecte) du protestantisme et du puritanisme : trouver le chemin qui conduit à Dieu[13]. »

— Max Weber, Le métier et la vocation de savant

 

Œuvres

  • Bible de la Nature, 1673
    • En latin et en néerlandais
      • Biblia naturæ : sive, Historia insectorum in classes certas redacta, trad. Hieronimus David Gaubius, préf. Herman Boerhaave, t. 1, Leyde, 1737
      • Biblia naturæ : sive, Historia insectorum in classes certas redacta, t. 2, Leyde, 1738
    • (de) Bibel der Natur, Leipzig, 1752
  • (la) Tractatus physico-anatomico-medicus, de respiratione usuque pulmonum, 2e  éd., Leyde, Conrad Wishoff, 1738 — Une dissertation d'Albrecht von Haller a été ajoutée à ce volume.
  • (la) Miracvlvm Natvræ Sive Uteri Muliebris Fabrica : notis in D. Joh. van Horne prodromum illustrata, & tabulis … adumbrata. Adjecta est nova methodus, cavitates corporis ita præparandi, ut suam semper genuinam faciem servent …, Leyde, Matthæus, 1672
    Miraculum naturae sive uteri muliebris fabrica
    • Édition de 1679, Leyde, Boutesteyn
  • La vie de l'éphémère
    • « Les histoires naturelles de l'éphémère et du cancellus ou bernard-l'ermite », dans Melchisédech Thévenot, Recueil de voyages de Mr. Thévenot, 1681
    • (en) Ephemeri vita, or, The natural history and anatomy of the ephemeron, a fly that lives but five hours, trad. Edward Tyson, Londres, 1681 — Reproduction, 2002[14]
  • Histoire générale des insectes
    • Histoire générale des insectes : où l'on expose clairement la manière lente presqu'insensible de l'accroissement de leurs membres, où l'on découvre évidemment l'erreur où l'on tombe d'ordinaire au sujet de leur prétendue transformation, trad. du néerlandais, Utrecht, 1682
      Swammerdam prend position dans le débat qui oppose l'épigénèse à la théorie de la préformation.
    • (la) Historia insectorum generalis, trad. du néerlandais par Heinrich Christian von Hennin[15], Leyde, 1685

Swammerdam est l'auteur de notes accompagnant une dissertation de Van Horne sur les organes sexuels.

Recueils d'œuvres en ligne

  • Ouvrages de Swammerdam numérisés — SCD de l'université de Strasbourg

Correspondance

  • Il y a 172 lettres à l'université d'Oxford[16]. Voir Eric Jorink, Annemarie Nelissen et Floor Haalboom (éd.), The correspondence of Jan Swammerdam (1664-1680), qui constitue le volume 5 de la série Tools and Sources for the History of Science in the Netherlands[17].

Bibliographie

  • (la + nl) Herman Boerhaave, Vita auctorisHet leven van den schryver, dans Jan Swammerdam, Biblia naturæ : sive historia insectorum, in classes certas redacta, vol. 1, 1737
  • (en) Matthew Cobb, « Reading and writing The Book of Nature : Jan Swammerdam (1637–1680) », dans Endeavour, vol. 24, no 3, 1er sept. 2000, p. 122–128
  • (en) Matthew Cobb, « Exorcizing the animal spirits : Jan Swammerdam on nerve function », dans Nature Reviews Neuroscience 3, 395-400 () DOI 10.1038/nrn806 — Extrait en ligne : Swammerdam on muscles : right without realizing it
  • (en) Matthew Cobb, « Malpighi, Swammerdam and the colourful silkworm : replication and visual representation », dans Ann. Sci., vol. 59 (2002), no 2, p. 111-147 (ISSN 0003-3790)
  • (en) Matthew Cobb, Jan Swammerdam (1637-1680) — Site d'introduction à Swammerdam
  • Jacques d’Aguilar, Jan Swammerdam ou le génie envoûté — Parution originale dans Insectes, no 151, 2008
  • (en) Eric Jorink, « Outside God there is nothing : Swammerdam, Spinoza, and the Janus-Face of the early Dutch Enlightenment », dans W. van Bunge (éd.), The early Enlightenment in the Dutch Republic, 1650–1750 : Selected Papers of a Conference, Held at the Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel, 22–, Leyde, 2003, p. 81–108
  • (en) Gerrit Arie Lindeboom (nl), The letters of Jan Swammerdam to Melchisedec Thévenot : with English translation and a biographical sketch, Amsterdam, Swets & Zeitlinger, 1975
  • (en) William A. Locy, « Malpighi, Swammerdam and Leeuwenhoek », dans Popular Science Monthly, vol. 58,
  • (it) Francesco Trevisani, « Swammerdam, Jan », dans Encyclopédie Treccani
  • Maxime Rovere, Le Clan Spinoza, Paris, Flammarion, 2017 (ISBN 9782081330726).

Annexes

Postérité

On lui doit le terme zymosimètre.

Éponymie

  • On a donné son nom aux Swammerdamia, des Lepidoptera.
  • L'astéroïde Swammerdam, de la Ceinture principale, rappelle également sa mémoire.

Dans la fiction

  • Swammerdam et son continuateur Leeuwenhoek sont les héros d'un conte d'E. T. A. Hoffmann, Maître Puce.

Notes

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jan Swammerdam » (voir la liste des auteurs).
  1. Pour son portrait, Stolker a pris comme modèle non Swammerdam mais un personnage, Hartman Hartmanzoon, peint par Rembrandt dans sa Leçon d'anatomie du docteur Tulp ; il lui a mis dans la main un texte de Swammerdam sur l'éphémère. On peut toutefois mentionner, comme le fait Richard S. Westfall, que Swammerdam a publié vers 1671 une gravure de dissection, reprise dans Miraculum, dédiée à ce même Nicolaes Tulp. Voir (en) « Jan Swammerdam's Portrait », sur un site consacré à Swammerdam.
  2. Sur ce point, voir Cobb, Exorcizing ….
  3. Slade (VIAF 13033529), 1628–1689, qui a utilisé le pseudonyme de Theodorus Aldes, a été un opposant de William Harvey. Il était le petit-fils de en:Matthew Slade (1569–1628).
  4. (en) Erik Jorink, « Outside God there is nothing… », dans Wiep Van Bunge, The Early Enlightenment in the Dutch Republic, 1650–1750, Brill, 2003, p. 89.
  5. Richard S. Westfall, « Swammerdam, Jan », dans The Galileo Project.
  6. Leibniz rapporte un témoignage suivant lequel Sténon aurait cherché à amener Swammerdam au catholicisme ; Sténon choisit toutefois dans ce but un très improbable propagandiste, Baruch Spinoza, certes intéressé lui aussi par les nouveaux instruments d'optique, fréquentant les mêmes cercles cartésiens d'Amsterdam, mais très près de l’athéisme : G. W. Leibniz, Sämtliche Schriften und Briefe, III, 1989, p. 380–381, cité dans Jorink, p. 82.
  7. François-Xavier de Feller, « Swammerdam (Jean) », dans Biographie universelle, vol. 8, p. 57.
  8. Trevisani.
  9. Maxime Rovere, Le Clan Spinoza : Amsterdam, 1677, Paris, Flammarion, , 560 p. (ISBN 978-2-08-133072-6), p. 461
  10. Document d'archive.
  11. Traité général sur les petits animaux exsanguins, traduit en latin Historia insectorum generalis, par Heinrich Christian von Hennin en 1685
  12. « Swammerdam », dans L'insecte, 1858, p. 91.
  13. Max Weber, Science as a vocation, [1919]1946, p. 143.
  14. http://name.umdl.umich.edu/A62018.0001.001 : « written originally in Low-Dutch ».
  15. http://viaf.org/viaf/2809161.
  16. (en) « The Correspondence of Jan Swammerdam (172 letters) », sur ox.ac.uk (consulté le ).
  17. Était en préparation en 2015 : http://booksandjournals.brillonline.com/content/journals/10.1163/24523666-01000003.

Liens externes

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